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Justice sociale : Vers un nouveau modèle tunisien ?

Le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, a appelé à l’édification d’un nouveau modèle de justice sociale tunisien, une ambition qui nécessite, selon lui, une conjonction des efforts de tous et pas seulement du gouvernement, pour établir une feuille de route. Lahmar précise que cette ambition a pour objectif de concrétiser la vision du Chef de l’Etat, qui appelle à une révolution législative.

La Presse — Le ministère des Affaires sociales, avec le soutien de l’Organisation internationale du travail, a organisé hier une conférence à l’occasion de la Journée internationale de justice sociale, mais surtout à l’occasion du lancement de la nouvelle charte graphique du ministère. Un logo présenté avec brio et décortiqué par Nizar Ben Fadhl, membre de l’équipe de communication du département social.

Dans ses propos liminaires pour introduire le séminaire, consacré principalement au « rôle de la communication dans la concrétisation de la justice sociale », le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, s’est longuement attardé sur l’importance du rôle des médias pour porter à la connaissance du public les mécanismes et les dispositifs du gouvernement pour asseoir cette justice sociale qui, soit dit en passant, peine à trouver une définition consensuelle à l’échelle internationale. La justice sociale est d’ailleurs, rappelle le ministre de ce département très sensible aux affaires sociales, un enjeu pas uniquement pour la Tunisie mais pour l’ensemble des nations du monde.

Cependant, Issam Lahmar, s’adressant aux hommes de médias et les communicateurs venus en nombre, invite à la prudence quant à la nécessité de fournir au public la bonne information, de la bonne source. En effet, le ministre a estimé que l’époque fait face à un fléau majeur, celui de la désinformation. « Une désinformation parfois de bonne foi, mais parfois aussi par manque de professionnalisme ou une volonté de déstabilisation », a-t-il affirmé. Une raison suffisante pour souligner l’importance du rôle des médias dans la préservation de la paix sociale.

Par ailleurs, le ministre a appelé à l’édification d’un nouveau modèle de justice sociale tunisien, une ambition qui nécessite, selon lui, une conjonction des efforts de tous et pas seulement du gouvernement, pour établir une feuille de route. Issam Lahmar précise que cette ambition a pour objectif de concrétiser la vision du Chef de l’Etat, qui appelle à une révolution législative.

D’un autre côté, dans son rôle de pédagogue, en tant que ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar explique que le rôle de l’Etat n’est nullement de soutenir la paresse ou la dépendance vis-à-vis de l’Etat social, cependant, le système vise à « aider les personnes à réintégrer le circuit économique ». L’aide, en tant que telle est donc par définition temporaire et ne saurait devenir permanente, à l’exception de celles et ceux qui deviennent « incapables » de travailler. À ce titre, le ministre a rappelé quelques-uns des mécanismes et dispositifs, notamment ceux consacré par la nouvelle loi de finances, et qui permettent une meilleure justice sociale.

Une justice sociale bien présente d’ailleurs dans la Constitution de 2022, dans son article 17 qui dispose que « l’Etat garantit la coexistence entre les secteurs public et privé et œuvre à assurer la complémentarité entre eux sur la base de la justice sociale ».

Professeure à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI), Soumaya Ben Rjab a tenté de définir la justice sociale en s’aidant de la littérature scientifique et la théorie dans le domaine. Sur le plan pratique, l’universitaire a mis en lumière le rôle que jouent d’ores et déjà les médias publics et privés dans le traitement des questions relatives à la justice sociale. Elle a toutefois appelé d’un autre côté les autorités à mieux saisir le travail journalistique et sa particularité.

« Les médias sont dans leur rôle, même lorsque parfois ils semblent fâcher en rapportant peut-être des cas particuliers ou rares, explique-t-elle. C’est leur rôle de mettre le doigt sur des angles morts, et, au contraire, il faut que les autorités, en l’occurrence le ministère des Affaires sociales aujourd’hui se saisissent de cette opportunité et considèrent les médias comme des partenaires et non comme des ennemis ».

Un débat intense qui s’est prolongé dans un workshop dédié à la question de la «participation des médias dans le renforcement des principes de justice sociale», animé par le Président-directeur général de la Société Nouvelle d’Impression de Presse et d’édition (La Presse), Saïd Ben Kraiem.

Lors d’un exposé fort clair et surtout lucide quant aux contraintes de chacun des intervenants dans le processus de communication, Saïd Ben Kraiem a souligné l’importance de la participation des médias, par essence, les médias traitent des questions liées à la justice sociale dans le renforcement des principes de justice sociale.

Il a notamment rappelé que depuis l’indépendance, l’État tunisien a fait de la justice sociale une priorité, notamment à travers l’accès à la santé et à l’éducation dans les coins et recoins du pays. Cependant, malgré tous les efforts, les disparités en matière de développement régional, le chômage, la gouvernance et la corruption ont persisté jusqu’à l’éclatement de la révolution du 17 décembre 2010, qui a ravivé les revendications pour davantage de justice sociale, avec des slogans aussi clairs que : « Travail, liberté, et dignité ».

Ben Kraiem a estimé que les gouvernements post-révolution ont échoué à donner les bonnes réponses à ces défis, précisant que présentement, l’Etat veut y remédier à travers une révolution législatives, comme en témoigne la loi de Finances qui vise à réduire l’écart entre les riches et les pauvres.

Dans ce cadre, quel est le rôle des médias ? Leur fonction est essentielle, explique le PDG de la Snipe. Il s’agit d’expliquer, débattre et éclairer les citoyens. « La révolution a permis de libérer la parole et le paysage médiatique tunisien s’est diversifié et s’est affirmé comme un espace pluraliste et il a aussi permis de mettre en lumière la corruption et la mauvaise gestion, tout en ouvrant la porte à la société civile ».

Il rappelle également le rôle crucial des médias publics, malgré parfois le manque de moyens, dans la préservation de la paix sociale, dans la défense des Tunisiens les plus vulnérables, le traitement de thématiques comme la question migratoire, la lutte contre le discours de haine ou encore la dénonciation de la violence à l’égard des femmes et des enfants.


Lancement prochain de la plateforme de l’emploi

Ladite plateforme a pour objectif d’orienter et de conseiller, de fournir les meilleures conditions de travail et de rapprocher les services des différents acteurs du monde de l’emploi. Elle fournira, aussi, des orientations et des conseils juridiques aux différents services concernés par la résolution des questions relatives à leur domaine de travail.

Le ministère des Affaires sociales lancera prochainement la «plateforme de l’emploi», a-t-on annoncé, hier, lors d’un séminaire national sur « le rôle de la communication dans la mise en œuvre des principes de justice sociale», organisé au Centre international pour la promotion des personnes handicapées (Cipd) dans la banlieue nord de Tunis.

Cette rencontre a été organisée à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la justice sociale célébrée le 20 février de chaque année, au cours de laquelle a été dévoilée la nouvelle Charte graphique du ministère.

La plateforme a pour objectif d’orienter et de conseiller, de fournir les meilleures conditions de travail et de rapprocher les services des différents acteurs du monde de l’emploi, a indiqué, hier, Noureddine Triki, directeur général de l’inspection du travail au ministère de l’Emploi, à l’agence Tunis Afrique Presse, en marge du séminaire.

La plateforme permettra aux travailleurs, aux chefs d’entreprise, aux organisations professionnelles et autres de poser toutes leurs questions et requêtes relatives à leurs domaines de travail à distance et sans avoir à se déplacer aux bureaux des inspecteurs du travail, et fournira des orientations et des conseils juridiques aux différents services concernés par la résolution des questions relatives à leur domaine de travail.

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